C’est un jeu de lâcher-prise et de spontanéité, tout en travailler notre aisance à garder un contact prolongé entre la pointe de notre crayon et la feuille de dessin. Il s’agit de tracer des lignes continues, mais, cette fois, de façon libre et aléatoire.
Matériel
Votre carnet de croquis ou une feuille format A4 (minimum)
Un stylo, un crayon ou un feutre…
Expérimentation
Choisissez votre point de départ sur la feuille et promenez votre crayon sans vous arrêter pendant 1 minute, en dessinant une ligne continue aléatoire.
Faites varier sa trajectoire, ses courbes, sa direction…
Faites abstraction du résultat, lâchez prise
Concentrez-vous sur la sensation du contact du crayon avec la feuille et sur votre respiration.
Au bout d’une minute, arrêtez-vous et faites un bilan rapide.
Quel a été votre ressenti de cette expérience ? Était-elle source de frustration, d’inconfort, d’insécurité ou plutôt de relaxation, d’apaisement.
Pour aller plus loin
Regardez votre création aléatoire de près, puis de loin, en plissant les yeux, en la retournant de tous les côtés, sous tous les angles…
Repérez-vous des éléments qui se dégagent, des figurent, des visages, ou même des scènes… ?
Ajoutez de la couleur à votre création, soit en dégageant des éléments que vous percevez, soit de façon purement abstraite.
Au-delà du dessin
Parfois nous avons besoin de contrôler nos gestes, de réfléchir, de planifier. D’autres fois, cette même attitude pourrait être à l’origine de blocages et d’un manque de créativité. Apprendre à lâcher-prise dans le processus créatif est de grande utilité pour laisser venir de nouvelles idées. Trouver l’équilibre entre liberté et maîtrise, spontanéité et direction volontaire, c’est un des apprentissages essentiels non seulement dans la création artistique, mais aussi dans la vie. Et si l’art pouvait nous permettre de faire quelques pas en avant dans cette direction, pourquoi s’en priver ?
Ce jeu vous aidera à éviter ou à vaincre une des plus grandes difficultés des débutants en dessin : les traits en « chicken-scratch », ou autrement dit, les dessins réalisés avec de tout petits traits saccadés, incertains, traduisant le manque d’aisance dans la maîtrise du crayon. C’est un moyen ludique et amusant pour délayer votre plume, et acquérir un coup de crayon fluide et assuré.
Matériel
un feutre à pointe fine ou un stylo bille
un carnet de croquis ou des feuilles blanches cartonnées
Exploration
Réalisez un ou plusieurs dessins en une seule ligne, sans soulever votre feutre du papier.
Commencez en réalisant des dessins simples de façon à pouvoir suivre le tracé du début à la fin.
Les boucles peuvent vous aider dans de nombreuses situations.
Pensez le dessin comme une forme d’écriture.
Recommencez plusieurs fois, cela vous aidera de perfectionner votre dessin et d’acquérir de l’assurance dans votre coup de crayon.
Avec cette technique en ligne continue, vous pouvez réaliser des dessins d’imagination, mais aussi réinterpréter des modèles vivants ou d’après photo.
Après avoir réalisé une dizaine de créations, regardez vos dessins. Quel est votre préféré ?
Quelques suggestions de sujets
Si vous ne savez pas par quoi commencer, voici quelques suggestions de sujets simples :
une fleur
un arbre
une maison
un animal de votre choix
un portrait
une chaise
une guitare
un avion
Pour aller plus loin
Concentrez-vous sur le plaisir et sur la sensation de laisser simplement glisser votre feutre sur le papier. Pensez votre trait comme une énergie qui coule sans entraves, sans à-coups.
Essayer d’allonger progressivement le temps de contact du crayon avec le papier et de réaliser des dessins de plus en plus complexes, en créant non seulement un personnage, mais aussi son environnement.
Partage de créations
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C’est un excellent exercice pour notre cerveau droit. La partie gauche de notre cerveau analyse l’image et tente de reproduire ce que nous savons déjà, au lieu de dessiner ce que nous avons réellement devant nos yeux. La partie droite voit l’objet plutôt de façon abstraite, sans chercher à reproduire nos concepts et nos connaissances mentales antérieurs. Ce jeu permet de s’entraîner à voir notre modèle de façon abstraite (sous forme de traits, de courbes et d’angles), tel qu’il est, comme un objet complètement inconnu.
Matériel
choisissez pour modèle une image (photographie, dessin) relativement complexe
médium de votre choix: crayon, feutre, stylo bille…
votre carnet de croquis
Expérimentation
Choisissez un modèle (une illustration, une photographie) relativement complexes
Tournez votre modèle à l’envers (à 180°)
Dessinez-le en vous concentrant sur chaque trait, sa direction, les angles entre chaque ligne, les distances entre deux traits…
Au lieu de penser que vous êtes en train de dessiner ce que votre modèle représente, dites-vous plutôt : « Cette ligne est légèrement courbe, puis elle redescend vers la droite, ensuite elle remonte tout droit à 90°… » Pour mieux conscientiser ce que vous voyez, vous pouvez décrire le trajet de chaque ligne à voix haute.
Après avoir fini, retournez votre dessin à l’endroit et même s’il n’est pas parfait, prenez en considération tous les éléments que vous avez réussi. Vous serez probablement étonnés de découvrir à quel point votre cerveau a su guider votre main avec une étonnante précision, même dans une situation plutôt inhabituelle, déstabilisante.
Pour aller plus loin :
Réalisez deux dessins: un avec le modèle à l’endroit et l’autre avec le modèle à l’envers. Comparez vos deux dessins. Qu’avez-vous réussi mieux avec chacune des deux méthodes?
Pensons à quelque chose dans notre vie que nous avons l’impression de connaître très bien. Cela peut être un objet (un appareil technologique, un instrument de musique, une voiture…) une personne (notre bien-aimé, nos enfants, un parent, un ami…), un paysage qui nous interpelle, une maison, un endroit… A partir d’une photo ou d’une image sur internet, essayons de dessiner le sujet de notre choix à l’envers, en le voyant avec des yeux neufs, tel un sujet complètement inconnu, abstrait, que nous approchons pour la toute première fois.
Réflexion
Très souvent nous pensons connaître les choses, mais en réalité ce que nous connaissons c’est le concept, la représentation dans notre esprit en rapport avec cette chose. Finalement, nos idées, nos connaissances s’avèrent souvent éloignés de la réalité ou du moins très parcellaires et incomplètes. Essayons d’aborder la vie autant que possible avec un regard constamment renouvelé. Gardons toujours cette humilité intérieure, qui nous rappelle que même si nous connaissons beaucoup de choses dans les domaines qui nous sont les plus familiers, en réalité, nous en connaissons très peu et nous pouvons toujours en apprendre davantage, parfois simplement en changeant d’approche ou d’angle de vue…
Partage de créations
Belle journée pleine de découvertes des formidables capacités de notre cerveau.
Ce jeu vous permettra de vous débarrasser de la crainte du dessin raté. Les gestes de votre autre main étant peu maitrisés, ainsi que l’impossibilité d’effacer, font que vous êtes obligés d’accepter le dessin tel qu’il vient, même imparfait. Laissez-vous surprendre par ces « créations imparfaites ». Vous serez certainement stupéfaits de leur étonnante expressivité.
Matériel
un feutre à pointe fine, une feuille blanche (format au choix)
Expérimentation
Choisissez un modèle : une personne de votre famille, un objet, une nature morte…
Tenez votre feutre (ou stylo bille) dans votre main non dominante et dessinez ce que vous voyez.
Regardez votre modèle plus souvent que votre dessin. Ce n’est pas grave si vos traits sont malhabiles, tremblants ou incertains.
Le but de l’exercice n’est pas de produire un dessin réaliste, mais d’entrainer la coordination entre vos mains et vos yeux.
Pour aller plus loin
Réalisez une collection thématique (de portraits, ou d’objets, ou de paysages…) dessinée de l’autre main. Par exemple, dessinez de cette façon, les portraits de tous les membres de votre faille, vos amis, vos voisins, des inconnus dans la rue… Compilez au fur et à mesure ces dessins de l’autre main et réalisez un collage thématique ou une installation temporaire (telle une mini exposition) sur le thème de « l’autre main ».
Partage de quelques créations
Au-delà du dessin
Réflexion
Dessiner ou écrire avec notre main non-dominante est certes une expérience inconfortable, déstabilisante, mais elle favorise le contact avec une dimension plus profonde de nous-même, plus intuitive, souvent ignorée ou sous-développée.
Nous avons tous une partie rationnelle, pratique, dominante, cherchant le contrôle et une partie plus sensitive, affective, imaginaire, intuitive, souvent en retrait, voire inconsciente.
Selon Anne-Marie Jobin, fondatrice de la méthode du Journal Créatif, « l’autre main » nous aide à passer au mode de fonctionnement moins dominant, moins rationnel et moins contrôlant. Elle favorise le passage à un mode de pensée plus intuitif et affectif, plus près de l’imaginaire et de l’enfant intérieur, plus artistique et poétique. Elle nous permet d’avoir accès à un monde plus profond, moins conscient, à ramener du matériel nouveau, inédit.
Beaucoup de personnes sont surprises de ce que leur « autre main » exprime.
Pratique
Pour aller au-delà du dessin, prenez tout d’abord conscience de ces deux parties complémentaires en vous-même (le conscient et l’inconscient, l’extérieur et l’intérieur, la surface et les profondeurs de notre Être).
Ensuite, écoutez ce que cette « autre main » a à vous dire.
Reprenez un de vos dessins réalisés de « l’autre-main » et, toujours en utilisant votre main non dominante, commencez par ajouter des mots clés, des expressions ou des phrases courtes.
Puis, prenez une feuille à part et écrivez de l’autre main ce que votre enfant intérieur voudrait vous dire. Vous pouvez également créer des variantes selon votre besoin du moment :
Faites parler un des personnages de vos dessins
Ecrivez l’histoire que votre dessin voudrait raconter
Ecrivez ce que votre mal de dos (ou tout autre pépin personnel) aurait à vous dire
…
Laissez les idées couler librement sans les censurer. Seule contrainte : tout comme pour le dessin, écrivez avec votre main non-dominante, peu importe la qualité de votre écriture et la vitesse de remplissage de la page.
En guise de conclusion
En guise de conclusion, je voudrais partager avec vous ce texte de Benjamin Franklin, un beau plaidoyer pour la main non dominante.
PÉTITION ADRESSÉE A TOUS CEUX QUI ONT DES ENFANTS A ÉLEVER Benjamin Franklin, 1787(?)
« Je prends la liberté de m’adresser à tous les amis de la jeunesse et de les conjurer de diriger leurs regards compatissants sur mon malheureux sort, afin qu’on veuille bien faire justice du préjugé dont je suis la victime.
« Nous sommes deux sœurs jumelles dans notre famille, et les deux yeux de la tête ne se ressemblent pas plus que nous. Ma sœur et moi nous nous accorderions parfaitement ensemble, sans la partialité de nos parents qui font entre nous deux les distinctions les plus humiliantes. Depuis mon enfance, on m’a appris à regarder ma sœur comme si elle était d’un rang plus élevé ; on m’a laissée grandir sans-me donner la moindre instruction, pendant que rien n’a été négligé pour son éducation ; des maîtres lui ont enseigné l’écriture, le dessin, la musique et d’autres, mais si, par hasard, je laissais tomber un crayon, une plume ou une aiguille, j’étais sévèrement réprimandée, et plus d’une fois j’ai été battue pour être gauche et pour manquer de grâces. Il est vrai que ma sœur m’associe à elle dans certaines occasions ; mais elle prétend toujours la supériorité, ne m’appelant que lorsque je lui suis nécessaire, ou seulement pour figurer à côté d’elle.
« Ne croyez pas cependant, messieurs et mesdames, que mes plaintes soient dictées uniquement par un motif de vanité ; non, mon inquiétude a une base plus sérieuse : c’est la coutume dans notre famille que tout le travail pour se procurer la nourriture repose sur ma sœur et sur moi (et, je le dis en confidence à cette occasion, elle est sujette à la goutte, au rhumatisme, à la crampe et à plusieurs autres accidents) ; alors que deviendra notre pauvre famille ? Les regrets de nos parents ne seront-ils pas très grands, d’avoir établi une telle différence entre deux sœurs qui se ressemblent tant ! Hélas ! nous périrons de misère, car il ne sera pas même en mon pouvoir de griffonner une humble supplication pour obtenir des secours, étant obligée d’employer la main d’un autre pour vous faire part de mes chagrins. ».
« Veuillez, messieurs et mesdames, contribuer à rendre mes parents sensibles à l’injustice d’une tendresse exclusive et à la nécessité de distribuer leurs soins et leur affection à tous leurs enfants également.
« Je suis, avec un profond respect, messieurs et mesdames, votre obéissante servante.
« La main gauche. »
Belle journée avec l’exploration des capacités cachées de votre main non dominante pour la plus belle complémentarité des deux. 🙏