Comment tenir une bibliothèque créative pour le design de motifs de surface

Tenir une bibliothèque créative, l’alimenter et fouiller dedans… C’est sans doute mon astuce préférée pour cultiver mon inspiration et gagner du temps dans mon processus créatif de “surface pattern designer”. Si ce terme vous est encore inconnu, pensez à jeter un oeil sur mon article “Pattern designer – un beau métier artistique peu connu”.

Cette astuce est simple, et pourtant très puissante, car elle vous permettra non seulement d’améliorer votre flux de travail, mais aussi de vous perfectionner et de renforcer votre style artistique, surtout dans le domaine du design de motifs de surface.

Quand je parle de bibliothèque créative, je pense à cet espace physique et virtuel, où je collectionne tous les motifs qui naissent de ma pratique artistique quotidienne. J’entends par le mot “motif”, des “motifs de base”. (À différencier des “motifs répétitifs aboutis” qui sont le produit final et que l’on appelle en anglais “patterns”, d’où le mot “surface pattern design” et non “surface motif design”).

Quelques précisions de vocabulaire

Dans le “pattern design”, le mot “motif” et le mot “pattern” n’indiquent pas la même chose. Les motifs sont des éléments individuels qui composent le pattern. Par exemple, au sein d’un pattern avec différentes fleurs, chaque fleur est un motif. Si le pattern comporte différentes feuilles ou autres elements (botaniques, géométriques, abstraits, illustratifs…) chaque element individuel est un “motif” .

Bref, par “motifs”, j’entends tout element graphique, pictural ou illustratif. Que ce soit des textures, des gribouillis, des taches abstraites de peinture ou des illustrations finies…, tout ce que vous créez peut être utilisé comme matériau pour developper un design, une illustration plus complexes, un pattern, voire des collections tout entières pour le textile, la papèterie, le home decor…

Petite précision

Concernant votre bibliothèque de motifs, il ne s’agit pas de collectionner des creations d’autres artistes, comme on le ferait pour les planches d’inspiration ou à des fins d’étude et d’analyse. Bien au contraire, cette fois, je vous conseille de remplir, au fur et à mesure, cette bibliothèque, exclusivement, avec vos propres elements graphiques et toute sorte d’exploration artistiques. Bref, il s’agit de créer un repertoire de vos propres idées visuelles.

Quelle intérêt de créer notre propre bibliothèque de motifs ?

  • Tout, d’abord, vous allez pouvoir y piocher des idées sans le souci de copier un autre artiste. 
  • Vous pouvez transformer rapidement certains d’entre eux en motifs numériques. Et voilà que vous avez des “blocs de construction” tout prêts dans vos mains. Vous pouvez directement commencer à jouer avec, à les arranger. C’est un gain de temps précieux.
  • Vous allez constater que certains de vos motifs “dialoguent” entre eux, se complètent mutuellement, se transforment. Cela vous aidera énormément quand vous voudriez créer des collections.
  • Avec le temps, vous allez observer l’evolution de votre langage visuel et de votre style
  • C’est une veritable autoroute de créativité 
  • C’est fun

Comment s’y prendre ? 

S’organiser

  1. Prenez 15 à 30 minutes par jour pour alimenter votre bibliothèque créative
  2. Toutes les techniques et experimentations artistiques sont à prendre: du simple gribouillages et des marques d’un pinceau sur le papier, en passant par le collage ou les techniques d’impression, jusqu’aux dessins et les illustrations plus abouties…
  3. Photographiez ou scannez vos créations
  4. Répertoriez vos motifs dans des classeurs ou des dossiers informatiques.

Dans un premier temps essayer de trouver les categories dans lesquels vous pouvez répartir vos motifs pour les retrouver facilement.

Les categories les plus fréquentes

Si vous observez quels sont les motifs les plus courants en design de surface, vous  constaterez qu’il y a des categories incontournables, comme:

  • Les fleurs et les végétaux en général 
  • Les textures
  • Les figures géométriques (y compris les motifs en pois et les rayures)
  • Les motifs ornementaux et abstraits

Ces thèmes “classiques” sont, en quelque sorte, éternels. Ils ont toujours marché  et ils marcheront toujours, car les artistes les interprètent et reinterprètent à leur façon. 

Si vous voulez vous lancer dans le surface pattern design, il est vivement conseillé de ne pas passer à coté de ces categories en préparant votre portfolio d’artiste. N’oubliez pas d’en inclure ne serait-ce que quelques exemples.

En dehors de ces categories, “grands classiques, incontournables”, il est possible que vous soyez passionnés par d’autres themes, plus personnels à vous (les animaux, les portraits, le yoga, l’architecture, les sports…) Faites une liste de tous les thèmes sur lesquels vous adorez créer du contenu visuel. Cette liste peut, bien sûr, évoluer dans le temps, et vous pouvez y rajouter de nouvelles catégories. 

Petit clin d’oeil: N’oubliez pas d’inclure une catégorie “Palettes de Couleurs”. C’est tellement utile en matière de design. Répertoriez-y vos palettes personnelles, crées à partir de vos photos ou de vos explorations colorées.

Les dossiers

Enfin, créez des dossiers par catégories. Vos dossiers peuvent être numériques ou physiques. Personnellement j’utilise les deux : 

des dossiers informatiques pour tous les documents scannés ou photographiés, ainsi que pour toute creation digitale, 

des classeurs à  levier où je range plus particulièrement mes explorations avec différentes textures. (Bien sûr, vous pouvez y ranger toute autre catégorie selon votre style et vos intérêts personnels).

Selon les categories qui vous passionnent le plus, vous trouverez l’organisation la plus appropriée pour vous.

Astuces pour adapter votre bibliothèque spécifiquement au surface pattern design

Créez des motifs individuels

Pour faciliter le processus de transformation numérique de vos motifs, je vous recommande de créer chaque motif séparément plutôt qu’un cluster de motifs qui se touchent. Laissez de l’espace entre vos motifs pour pouvoir les manipuler avec plus de facilité dans Photoshop ou Illustrator.

Peignez chaque couche séparément

Si vous avez des motifs complexes, composés de plusieurs couches de peinture, par exemple, peignez chaque couche séparément. (De même s’il s’agit de couches de collage ou d’autres techniques de medias mixtes.) Scannez-les et importez-les, une à une dans le programme de votre choix, Illustrator ou Photoshop. Assemblez les différentes couches pour reconstituer votre motif, à l’intérieur du logiciel informatique.

Cette astuce vous donnera la possibilité de modifier chaque detail de votre motif, si vous le souhaitez, ce qui serait impossible si toutes les couches étaient fondue en une seule masse. 

Cela vous épargnera aussi de vous arracher les cheveux avec des correction numériques complexes et chronophage. Croyez-moi, cela vous sauvera des heures de travail supplémentaire. 

Créez au milieu de votre page sans toucher les bords

Evitez que vos motifs touchent et dépassent les bords de la page. Veillez à  laisser de l’espace blanc tout autour de chacun d’eux. Si vos motifs sont incomplets ou coupés, il vous sera difficile de les transformer en motifs répétitifs sans couture

Préférez des lignes bien contrastantes

Evitez de dessiner avec des lignes trop pâles, presque invisibles. Si vos dessins sont trop pâles, vos scans ou vos photographies seront de mauvaise qualité et vous auriez des difficultés à les travailler de façon digitale dans l’étape suivante. Préférez des  lignes bien contrastantes avec la page blanche.

Créez plusieurs versions du même motif. 

  • Variez les dimensions. (Créez de petites, moyennes et grandes versions du meme motif)
  • Apportez des variantes dans les details qui composent votre motifs. (Tournez les pétales ou les feuilles de vos fleurs, un peu différemment. Choisissez des positions différentes pour vos animaux, ou faites-les regarder dans différentes directions…)

Si vous n’apportez pas de variations dans vos motifs, votre design final risque d’être monotone, assez statique et manquant d’intérêt visuel. Alors, je vous conseille de créer toujours plus de versions que vous n’en utiliseriez au final. Mieux vaut plus que pas assez.

Pour ma part, je me rends compte que je n’utilise qu’entre 25 à 30% de mes creations initiales dans le design final. Oui, ce n’est pas beaucoup, mais cela me donne suffisamment de choix pour créer un design qui fait “click” au fond de moi, et pour lequel je peux dire à la fin: “C’est exactement ce que je veux!” Bref, je préfère avoir plus de matériaux que pas assez.

A suivre

J’espère que cet article vous a plu et vous a apporté inspiration et astuces utiles pour les mordus du “surface pattern design”. Dans mon prochain article, je vous donnerai des idées comment alimenter votre bibliothèque créative et trouver de l’inspiration autrement qu’à travers les réseaux sociaux (Pinterest, Instagram…) et le travail d’autres artistes. Comment enrichir votre bibliothèque en la transformant en un trésor 100 % personnel, unique au monde, car, oui, vous-mêmes, vous êtes unique!

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